DIÉTÉTICHAT, le premier ouvrage sur l’alimentation du chat.
Je ne pouvais pas débuter ce blog sans rendre un hommage sincère à mon Professeur d’Alimentation Animale, Roger Wolter. Il a publié il y a un quart de siècle le premier ouvrage sur la diététique féline destiné au grand public: Diététichat. Sa passion contagieuse a suscité mon intérêt pour la nutrition des animaux, et aujourd’hui plus particulièrement celle du chat. Son esprit de synthèse et ses qualités pédagogiques étaient remarquables. Féru de chiffres et de statistiques, c’était un virtuose des tableaux de rationnement. Grand pourfendeur des « calories vides » et des « animaux poubelles », il a donné ses premières lettres de noblesse à la nutrition des animaux de compagnie, et initié les cerveaux scientifiques de plusieurs générations de vétérinaires.
La pensée de Wolter.
Je l’ai reformulée avec ses propres mots:
Le chat est un carnivore domestique et, en tant que tel, il a des besoins alimentaires spécifiques qu’il importe de bien connaître pour ajuster au mieux les apports nutritifs quotidiens. Il existe, en fait, des normes précises et tous les nutritionnistes sont d’accord aujourd’hui pour définir les bases de l’alimentation du chat. Ces données ne laissent de place ni au hasard ni aux initiatives personnelles.
Curieusement, tout le monde croit savoir ce qu’il faut donner à manger à son chat. Pourtant, dans ce domaine particulier, il est très difficile pour le néophyte de s’y retrouver, chacun y allant de ses petits conseils ou de ses grandes théories. Si l’on rencontre finalement peu de chats en France victimes d’une maladie nutritionnelle proprement dite, ce n’est pas parce que les propriétaires maîtrisent la diététique féline, mais parce que la nature de nos compagnons compense heureusement souvent les erreurs de leurs maîtres ; quand ce ne sont pas les chats eux-mêmes qui corrigent leurs déséquilibres en choisissant ce dont ils ont besoin. Malgré cela, on rencontre aujourd’hui encore trop de chats obèses et de chats souffrant de troubles urinaires.
En définitive, s’il est bon d’avoir des notions de nutrition, on ne s’improvise pas nutritionniste et l’alimentation industrielle rend actuellement de précieux services aux propriétaires d’animaux de compagnie. Les aliments industriels offrent les avantages d’un rationnement plus simple, plus pratique, plus sûr, plus précis et aussi plus économique. C’est bien ce qui explique leur succès grandissant. Les Américains ne s’y sont pas trompés, chez qui 95 % de la population féline est nourrie avec des aliments tout prêts. Ils sont étonnés de savoir qu’en France on cuisine encore pour des chats… »
L’alimentation du chat: quoi de neuf?
Derrière cette rhétorique bien huilée, on devine néanmoins des petits accents d’idéologie, les ferments d’une doctrine qui n’accepte pas facilement d’être remise en cause. La logique implacable des démonstrations est telle, qu’elle dispense de l’épreuve des faits. Et le talent de Mr Wolter est d’avoir inoculé dans nos cerveaux de praticien vétérinaire cette pensée unique. Et plus de 15 ans après son décès, on réédite son ouvrage « l’Alimentation des chats » aux Editions du Point Vétérinaire… « enrichi des dernières connaissances scientifiques ».
On y apprendra notamment que la science, qui avait gravé dans le marbre (des écuelles) les normes nutritionnelles du chat du XXeme siècle, s’inspire désormais du chat ancestral. Les habitudes et les goûts alimentaires de nos matous sont re-visités. On redécouvre et on démontre des évidences… C’est normal, la science est une quête inachevée. Ce qui n’empêche pas, au passage, les nutritionnistes de continuer à condamner avec arrogance les pratiques coupables de nos grands-mères, qui agrémentaient le quotidien de leur chat avec du foie ou du mou, glané chez le boucher… on « terrorise » les récalcitrants avec le risque bactériologique. On occulte le fait qu’à une époque peu lointaine, des chats mourraient à grande échelle de carence en taurine, ou que d’autres sont aujourd’hui victimes de l’épidémie de diabète et d’hyperthyroïdie… trois causes (entre autres) imputables à l’alimentation industrielle.
Repenser l’alimentation du chat
Ainsi, une fois de plus, la « messe est dite ». Et bien non, et c’est la motivation de dietetichat.info: apporter un regard neuf, jeter les bases d’une nouvelle philosophie nutritionnelle, plus naturelle. Une philosophie qui se doit avant tout d’être vécue, et corroborée par les faits.
Repenser l’alimentation du chat supposera probablement de renoncer à certains modes d’alimentation, inadaptés pour eux. Repenser l’alimentation du chat impose de s’appuyer sur les études scientifiques les plus récentes et les plus pertinentes, qui ne sont pas toujours publiées… Peut-être parce que les idées nouvelles doivent être instillées lentement dans nos cerveaux non préparés, ou que l’obsolescence du modèle actuel de l’industrie du Petfood n’a pas encore été programmée.